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An Äquator
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An Äquator

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Über dieses E-Book

Nicolaus Bornhorn

11.7. 1950 Geburt in Dinklage, Südoldenburg, Niedersachsen - Okt. 1968 Jugendlager der Olympischen Spiele, Mexico - 1991 - 94 Marseille. Photographien, Frottagen, Gipsabdrücke und Texte im und über den Marseiller Hafen - 1992 Lesereise durch Deutschland mit dem Buch: "Eine Liebe zu Frankreich" - 2000 Reise nach Goa, Indien; Reise nach Santiago de Cuba und Havanna. Seitdem: freier Autor, Übersetzer und Fotograf
SpracheDeutsch
HerausgeberBooks on Demand
Erscheinungsdatum6. Sept. 2023
ISBN9783756872572
An Äquator
Autor

Nicolaus Bornhorn

Nicolaus Bornhorn 11.7. 1950 Geburt in Dinklage, Südoldenburg, Niedersachsen - Okt. 1968 Jugendlager der Olympischen Spiele, Mexico - 1991 - 94 Marseille. Photographien, Frottagen, Gipsabdrücke und Texte im und über den Marseiller Hafen - 1992 Lesereise durch Deutschland mit dem Buch: "Eine Liebe zu Frankreich" - 2000 Reise nach Goa, Indien; Reise nach Santiago de Cuba und Havanna. Seitdem: freier Autor, Übersetzer und Fotograf

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    Buchvorschau

    An Äquator - Nicolaus Bornhorn

    fail better

    besser scheitern

    Samuel Beckett

    für Monique Lemaire,

    wo immer sie auch sein mag

    Inhaltsverzeichnis

    Première Partie/ Erster Teil

    Chapitre I / Kapitel I

    Chapitre II/ Kapitel II

    Deuxième Partie/ Zweiter Teil

    Chapitre I / Kapitel I

    Chapitre II / Kapitel II

    Troisième Partie / Dritter Teil

    Reprise

    L’histoire de L./ Die Geschichte von L.

    Prologue / Prolog

    La première nuit / Die erste Nacht

    L’Attente / Das Warten

    Day and night / Day and night

    La dernière nuit / Die letzte Nacht

    Le passage (Désir et Ecriture) / Die Passage (Begehren und Schrift)

    Epilogue / Epilog

    Der Krieg...

    ..ist vorüber

    Première Partie/ Erster Teil

    Le Gabon¹/ Gabun


    ¹ Der französische Originaltext stammt von Monique Lemaire, die Übersetzung von Nicolaus Bornhorn

    I

    Ainsi, sur un coup de tête, elle avait pris la décision de partir pour le Gabon, sur la trace du Docteur Schweitzer, et son idée saugrenue inquiétait tous ses amis. Le Gabon, une zone géographique où les limites du lieu se rencontrent et se confondent pour se perdre, se perdre à l’horizon entre ciel et mer. Echouée sur le sable gris, une silhouette : elle. Le Gabon. Golfe de Guinée, une mer qui passe du blanc laiteux eu gris perle, bordée par une plage triste et morne, comme un bizarre matin de novembre, un matin de novembre blême, sous une chaleur étouffante. Une silhouette sur la plage : elle. Au Gabon, la ligne de l’équateur n’est pas seulement une notion abstraite, c’est ici que la terre se coupe en deux comme une orange, une grosse orange coupée en son milieu par le parallèle zéro. Au milieu de nowhere, sur le parallèle zéro, c’est à dire au milieu de rien : elle, la folle errante, la nomade de luxe, la fugitive éternelle. De retour à Paris, elle se dit encore aujourd’hui qu’aucune personne qui se prétend normale aurait l’idée ou le désir de se pencher sur la faille, la coupure du parallèle zéro. Aucune personne sensée ne souhaite se confronter physiquement à une notion aussi abstraite et chargée de symbolisme que le parallèle zéro, sauf peut-être une fugitive comme elle, une cinglée en quelque sorte. A lui tout seul, le parallèle zéro représente la question et la réponse, le tout et le rien, le néant et l’infini, le contenant et le contenu, l’angoisse et son contraire, le moi et le soi. En voulant tenter cette expérience limite de l’indicible - elle le sait bien aujourd’hui - elle s’est exposé à l’ultime danger, celui de tomber dans le néant, entre les deux moitiés de l’orange, celui de tomber dans la fracture.

    Ainsi, elle a été punie de son impudence à vouloir contempler la fracture du monde, sa fracture intérieure. Inutile de chercher encore plus loin ce qu’elle possède déjà en elle, le parallèle zéro, le rien vertigineux, le suicidaire, la force d’attraction du néant. C’est une fugitive, et elle a fui, elle a fui vers un autre ailleurs qu’elle-même. Elle croyait à tort qu’elle finirait bien par trouver ce qu’elle n’a pas trouvé en elle, la possibilité de réunir les deux bords de la fracture. A cet instant précis sur une plage du Golfe de Guinée, elle est ce qu’elle voit, elle voit ce qu’elle est devenue : un être divisé, fracturé, un être divisé parce qu’elle a renié son ombre. Mais le problème des fugitives c’est de ne pas pouvoir s’arrêter de fuir. Peu lui importe, dans sa folle poursuite d’un ailleurs sans cesse renouvelée, d’abandonner beaucoup, d’abandonner tout ce qui se trouve sur son chemin. L’important, c’est de fuir, de peur de se confronter à une image peu séduisante d’elle-même. Les fugitives se doivent de voyager légers, alors, ils ne font pas dans la dentelle. Les relations avec autrui n’existent qu’au moment où elles existent mais ne s’inscrivent dans aucune volonté de durée. C’est ainsi que pendant presque un quart de siècle elle a beaucoup abandonné : des lieux, des êtres, des objets, des animaux aussi, et ceci avec l’absolue certitude, toujours présente en elle, qu’elle parviendrait un beau jour aux termes de ses errances, à replanter des repaires, pour reconstruire quelque chose de cohérent, de durable, une mosaïque, un bric-à-brac, joli et fragile. C’est cette conviction absurde et bornée, ignorante du temps qui passe et de l’usure des choses qui a fait qu’un matin elle s’est retrouvée seule avec ses deux valises cabossées sur le fameux parallèle zéro.

    Le peintre Pollock a essayé de contempler et de reproduire la fracture, le rien ; quand il y est parvenu avec son plus célèbre tableau « the deep », il est mort. Ainsi, elle avait pris la décision de partir pour le Gabon. Depuis, elle a vu Lambaréné, mais elle n’a pas été inspirée. Pour elle, c’est comme le docteur n’avait jamais été là. D’ailleurs, il n’y est plus, il est mort. La nature a repris ses droits, le docteur Kouchner a repris le flambeau dans une autre partie du monde, sur un autre continent ; pour rien, semble-t-il, mais il a raison : il faut faire quelque chose, il faut faire quelque chose. En voulant tenter cette expérience limite de l’indicible, elle a bien senti qu’elle s’exposait à l’ultime danger.

    Elle avait laissé au Sénégal un homme tranquille, paisible et heureux de vivre, une merveilleuse petite maison, un chat tigré et quelques amis. Tout cela sans un remords, sans un regard en arrière. Inexorablement, elle s’est dirigée vers le parallèle zéro, vers les confins les plus sombres de sa psyché, démarche suicidaire, ou salvatrice. A cette époque, elle ne pensait même plus à ses amis, tranquilles, retirés sur leur petite île de Gorée, ils n’appartenaient plus à son histoire.

    C’est au Gabon qu’elle a failli mourir. Chassée hors de ses terres, elle est rentrée sur Paris, a décidé de se réfugier quelque temps dans un petit hôtel du Marais, afin de ramasser les décombres de sa vie, et tenter de réussir quelque chose du peu de force qui lui reste après ce périple en Afrique centrale, le Congo, Brazzaville d’abord, le Gabon ensuite, tous ces yeux effarés à contempler, à Libreville, la misère sur fond de richesse clinquante et de dictature kitsch.

    Elle soupçonne que ce séjour de quelques mois à Libreville sera très probablement son dernier séjour à l’étranger. Après vingt ans d’errance sur les différentes parties du continent, elle rentre. Elle a pris un charter pour plus d’économie. L’hôtesse demande aux passagers de bien vouloir regagner leurs sièges et de boucler leurs ceintures de sécurité car l’avion amorce sa descente sur Paris. Un petit déjeuner leur est alors servi et pendant qu’elle déploie son petit carré de beurre et entame le minuscule et mignon pot de confiture, elle essaie vainement de se persuader qu’en quittant le Gabon elle a pris la bonne décision. C’est une habituée de l’Afrique, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, la Mauritanie, la Gambie et bien d’autres pays encore ont vu passer sa longue silhouette dégingandée. Si elle s’était attardée plus longtemps au Sénégal c’est qu’elle était tombée amoureuse, sur une plage de sable, et son amour d’alors l’avait invitée à vivre avec lui et puis, vous connaissez la chanson, « la vie sépare ceux qui s’aiment ». Après la rupture, elle a décidé de partir au Gabon mais elle ignorait que ce pays la rejetterait avec autant de force.

    Aujourd’hui à Paris, elle perçoit confusément qu’en fuyant le Gabon elle a fui la zone la plus obscure de son être, celle qu’elle n’a jamais eu le courage d’affronter au hasard de ses voyages et de ses rencontres, cette part d’elle-même qui l’a toujours poussée à fuir toute forme d’engagement, cette zone d’ombres qu’elle n’a jamais voulu regarder en face mais qu’ici en France, à la case de départ pour ainsi dire, il va bien lui falloir l’affronter, coûte que coûte, et elle n’y est pas prête.

    A l’introspection, quand tout allait mal, elle a toujours préféré s’étourdir dans l‘action et la fuite, à savoir, la réalisation de reportages photos, de documentaires dans des contrées étrangères, toujours plus lointaines et hasardeuses, témoigner de ce qu’elle voyait à défaut de l’écrire, tâche ingrate et épuisante, inutile et destructive. Longtemps, elle s’est plue à photographier sur les visages de parfaits étrangers une terreur qu’elle connaît bien, la terreur d’être perdu, abandonné, laissé pour compte, et une douleur qui pour lui être personnelle n’en est pas moins universelle, la douleur d’être né, la douleur d’être là, de savoir que quoique l’on fasse, on est seul, on vit seul, et on meurt seul.

    Elle a toujours cru sincèrement qu’elle vivait bien sa perpétuelle fuite an avant puisqu’elle en vivait. Ses photos se vendaient bien,

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